L’expertise comptable attire désormais les investisseurs

video-thomas-plainchamp-2

Sur cette fin d’année 2025, il ne se passe pas un mois sans que nous entendions dans la presse qu’un fonds d’investissement prend une participation dans un cabinet d’expertise comptable dans l’optique de l’accompagner dans sa croissance et dans sa structuration.


Retrouvez l’interview de Thomas Plainchamp invité CFNEWS.

Un contexte de mutation profonde

Le marché de l’expertise comptable connaît une profonde transformation. À titre d’exemple, l’un de nos clients experts-comptables nous précisait que l’une des dernières révolutions majeures de la profession était l’arrivée de l’ordinateur dans les années 2000 et qu’aujourd’hui la transformation IT, avec l’intelligence artificielle, la facture électronique et l’automatisation de la saisie, vient révolutionner la profession. Toujours en trame de fond, les sujets RH, avec notamment les difficultés de recrutement et de fidélisation des équipes, poussent également les cabinets à repenser leur organisation.

Sur l’IT, c’est vraisemblablement une révolution majeure. Comme le précisait un autre de nos clients : « Quand on assiste au Congrès de l’Ordre ou à des salons de la profession, c’est le salon de la Tech. On se rend compte du poids des éditeurs de logiciels et on comprend la mutation de notre profession. »

Pour bon nombre d’experts-comptables, cette révolution est perçue comme positive, mais pour d’autres, la montagne semble haute et ils ne se retrouvent plus dans la manière d’exercer. À titre d’exemple, nous accompagnons un cédant de 53 ans dans le Sud de la France qui nous exprime jeter l’éponge en souhaitant vendre, car ces sujets l’impactent et ne l’intéressent pas ; pour reprendre ses termes : « Je veux vendre avant que ce ne soit trop tard et que je sois totalement distancé. »

Un constat largement partagé

Pour des experts-comptables, l’arrivée de la facture électronique et de l’intelligence artificielle va transformer les missions de tenue et de saisie comptable. Ainsi, l’expert-comptable doit se réinventer dans sa manière d’exercer, mais aussi dans les missions qu’il va proposer à ses clients. La mission régalienne va devenir secondaire pour laisser place à des missions à plus forte valeur ajoutée, comme le conseil. On parle de plus en plus de pluridisciplinarité et une multitude de cabinets vont passer d’une activité purement comptable vers une activité de services, avec une palette d’offres dédiée aux dirigeants d’entreprise.

La structuration d’offres complémentaires suppose d’atteindre une certaine taille critique. Dans cette logique, beaucoup d’EC se sentent isolés, freinés voire fatigués et estiment que la mutualisation de moyens devient indispensable. Le poids des éditeurs de logiciels, la pluridisciplinarité attendue et les sujets de structuration, où les cabinets doivent se muscler avec des postes supports – Experts IT, Experts RH, Expert métier / clientèle chamboulent l’organisation même des cabinets.

Rétrospective et nouveauté avec l’arrivée des fonds d’investissement

Quand, en 2023, nous accompagnions chez Arc Capital une multitude de cabinets réalisant un chiffre d’affaires compris entre 1 et 2 M€, qui estimaient avoir atteint un plafond de verre dans leur développement, aujourd’hui ce sont des cabinets réalisant entre 3 M€ et 30 M€ de chiffre d’affaires qui nous sollicitent pour être accompagnés dans des projets de rapprochement ou d’adossement. Ils estiment qu’eux-mêmes sont à la croisée des chemins et qu’il est nécessaire de faire bouger les lignes, soit en faisant des acquisitions pour atteindre une taille plus importante, soit en s’adossant à un groupe plus structuré qui pourra notamment apporter des moyens complémentaires, des ressources financières et des supports métier.

Historiquement, le segment de l’expertise comptable a toujours été « boudé » par les fonds d’investissement. Perçu comme peu rentable et contraint par la réglementation, les fonds avaient délaissé ce marché. Cependant, depuis fin 2024, on ressent une volonté de ces investisseurs d’adresser le marché. Ainsi, les capitaux s’orientent massivement vers la profession et les annonces d’entrée au capital de cabinets se multiplient.

Pourquoi un tel engouement ?

  • La première raison est que l’expertise/CAC sont des activités avec de l’ARR (revenu récurrent). Il y a peu d’activités aussi récurrentes et résilientes. L’expert-comptable, en début d’année, connaît déjà plus ou moins son chiffre d’affaires pour la fin de l’année, et ce facteur rassure les investisseurs. De plus l’augmentation des honoraires sur les lettres de mission permet d’entrevoir une croissance organique.
  • L’intelligence artificielle, la facture électronique et l’automatisation vont permettre d’augmenter les marges.
  • Des structures de taille TPE/PME vont devoir se transformer et s’organiser en véritables ETI. Les fonds vont accompagner de manière active et ne pas être de simples sleeping partners.
  • Les niveaux de valorisation historiques sont connus pour être faibles : en moyenne, les cabinets de petite taille (moins de 2 M€ de CA) se valorisent entre 4 et 5 fois l’EBITDA retraité. Ainsi, des opérations de rerating vont permettre de créer de la profitabilité pour ces investisseurs, à condition de bien intégrer les cibles acquises en évitant la volatilité des équipes et des clients.
  • Le marché est vaste et fragmenté avec une pyramide des âges se rapprochant d’un départ à la retraite. Avec plus de 20.000 cabinets en France, ayant souvent une taille comprise entre 1 et 3M€ de CA, le marché français offre un terrain propice à des opérations de build-up.

Quelles sont les perspectives ?

Pour les fonds, l’objectif est simple : prendre une participation dans un cabinet qui fait à minima 10- 15 M€ de CA (à minima 1,5 – 2 M€ d’EBITDA) pour pouvoir, en l’espace de 4 à 5 ans, multiplier sa taille par 4/5fois, avec de la croissance organique, mais surtout avec des croissances externes. L’objectif consistera également d’accompagner la participation dans sa mutation IT et dans sa transformation organisationnelle afin de basculer d’une activité comptable vers une activité de services, en structurant des offres complémentaires à destination des clients finaux (assurance, CGP, cyber, pilotage, sujets IT et RH pour accompagner les clients dans leurs besoins, formation, RSE, etc.).

Un de nos clients nous précisait : « On se rend compte que tout le monde doit accélérer pour qu’en 2030, on soit toujours dans le coup et donc pour accélérer vite et bien, les opérations de croissance externe vont se multiplier. »

Arc Capital, une boutique orientée Build-up

90 % de nos dossiers sont des opérations de build-up. Nous accompagnons des cabinets à la vente qui font entre 1 M€ et 50 M€ en VE et qui envisagent de s’adosser à une autre structure (cession-adossement) ou qui envisagent une vente et un arrêt d’activité. 10 % de nos opérations consistent à faire entrer un fonds, généralement en minoritaire, dans un cabinet qui fera à minima 10/15 M€ de CA – 1,5 M€ / 2 M€ d’EBITDA.

Tendances sur les valorisations

L’afflux massif de capitaux sur le secteur a logiquement entraîné une hausse des valorisations depuis les 12 derniers mois. Historiquement, les cabinets comptables se valorisaient en fonction du chiffre d’affaires, on parlait de 1 fois le CA (entre 0,8 et 1,2). On précise que cette approche reste une norme pour les petites structures : moins de 1,5 M€ de CA – moins de 20 % d’EBITDA retraité. À titre d’exemple, le cabinet qui réalise 2 M€ de CA avec un EBITDA normatif de 20 % se vendra toujours sur ces bases, car on reste à environ 5/6 fois l’EBITDA normatif, c’est-à-dire 100 % voire 120 % si les agrégats sont positifs (secteur, géographie, typologie de clientèle, qualité RH, cabinet dématérialisé, …). A contrario, pour les cabinets très rentables, où l’on dépassera les 30 % d’EBITDA normatif, l’approche par les coefficients multiplicateurs sur EBITDA permet de réaliser des opérations à plus de 2 fois le CA si on le rapporte sur cette méthode.

Concernant les coefficients appliqués sur l’EBITDA Normatif, ils resteront subjectifs en fonction de l’attrait d’un acquéreur sur le dossier en question. Nous constatons chez Arc Capital des coefficients qui varient entre 5 et 10 fois l’EBITDA retraité. On remarque que plus le chiffre d’affaires est important plus le coefficient multiplicateur est élevé.

Qu’est ce qu’un EBITDA normatif ?

La normalisation de l’EBITDA se fera essentiellement sur les charges/coûts des associés. Par exemple, nous réalisons un dossier à plus de 11 M€ de CA avec 4 associés qui remontent en holding 2 M€ de management fees et qui, dans le schéma d’adossement/rapprochement, sont prêts à baisser leur rémunération de 500 K€ à 300 K€, ce qui fait un gain sur EBITDA de 800 K€ (4 × 200 K€). Le dossier en question se valorise sur un coefficient de 8,5 de l’EBITDA normatif (Pour information en VE = 19.6 M). On comprend que la logique sera un savant rapport entre le capital et le revenu attendu. Ainsi à un certain niveau de coefficient sur EBITDA, il peut être opportun de revoir sa rémunération à la baisse pour maximiser son capital. Attention, il ne sera pas possible à contrario de dire « je continue de travailler pour 20.000 € par an » dans l’optique de maximiser à outrance son capital. Les rémunérations dites normatives se situent généralement, en coût entreprise, entre 200 K€ et 350 K€.

Des schémas d’adossement attractif – cash-out / cash-in

Les modus operandi que l’on retrouve généralement consiste pour les vendeurs à céder 100 % du capital, en réalisant un cash-out compris entre 60 % et 80 %, et le reste en échange de titres pour devenir associés dans la holding de tête et prétendre au management package proposé par le repreneur. La valorisation de la participation du vendeur, par un mécanisme de rerating, lui permettra de sortir à un multiple plus intéressant dans un horizon généralement compris entre 3 et 5 ans.

Conclusion

Le marché de l’expertise comptable entre dans une nouvelle ère. Longtemps perçue comme une profession stable mais peu évolutive pour les financiers, elle attire désormais les capitaux d’investisseurs séduits par sa récurrence, sa résilience et son potentiel de transformation. Cette financiarisation s’inscrit dans un contexte de mutation technologique, organisationnelle et générationnelle sans précédent. Les cabinets sont aujourd’hui confrontés à un choix stratégique : grandir, s’adosser ou se réinventer. Arc Capital, acteur de référence sur ce marché, observe chaque jour que la clé du succès résidera dans la capacité des experts-comptables à anticiper, s’organiser et choisir les bons partenaires pour franchir cette nouvelle étape.

Retrouvez nos derniers articles

L’expertise comptable attire désormais les investisseurs

Sur cette fin d’année 2025, il ne se passe pas un mois sans que nous entendions dans la presse qu’un fonds d’investissement prend une participation dans un cabinet d’expertise comptable dans l’optique de l’accompagner dans sa croissance et dans sa structuration. Retrouvez l’interview de Thomas Plainchamp invité CFNEWS.

Lire la suite »

ARC CAPITAL

Le cabinet de conseil en fusion-acquisition dédié aux entrepreneurs​

Arc Capital est un cabinet indépendant et multi-sectoriel de conseil en fusion acquisition dédié aux actionnaires dirigeants des TPE-PME. Dans le cadre d’un départ à la retraite ou d’un changement d’activité, ses équipes accompagnent des entrepreneurs souhaitant transmettre leur activité.